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En Afrique, des drones au service de l’agriculture de précision

Sept entrepreneurs africains vont être formés chez le leader français du drone agricole pour tenter d’implanter le modèle sur le continent.

Par  (contributeur Le Monde Afrique)

Publié le 27 décembre 2016 à 17h12, modifié le 11 janvier 2017 à 13h35

Temps de Lecture 3 min.

Un drone à aile fixe de l’entreprise Airinov s’envole pour cartographier un champ d’ananas près d’Accra, au Ghana, en octobre 2016.

Dans son bourdonnement caractéristique, le drone active ses quatre hélices et prend son envol. En quelques secondes, il surplombe et filme plusieurs hectares d’un champ d’ananas, en aborde les limites et revient se poser au milieu d’une petite foule compacte. La scène, début octobre près d’Accra, au Ghana, est inédite dans la plantation de Joshua Ayinbora, jeune agriculteur très enthousiaste. Les images du vol lui serviront à orienter son action sur le terrain, vérifier l’irrigation, ou constater des anomalies liées à des différences de traitement phyto sanitaires. « Comprendre mes ananas est décisif si je veux atteindre mes objectifs de croissance, lance-t-il. L’agriculture de précision est aujourd’hui indispensable pour minimiser les risques et maximiser les rendements. »

Les drones agricoles permettent d’observer les champs grâce à un capteur spécifique, avec plus de précision que les images satellite, et d’amasser quantité de données : détection des mauvaises herbes et des maladies sur les cultures, constat des dégâts en cas de catastrophe, estimation de la quantité d’engrais nécessaires. De plus en plus utilisés pour la gestion des cultures en Europe et aux Etats-Unis (en France, le leader Airinov fournit des services à environ 8 000 agriculteurs), ils restent un marché à prendre en Afrique subsaharienne.

« Potentiel énorme »

Le Centre technique de coopération agricole et rurale (CTA), une organisation internationale de développement créée en 1983 par 79 pays d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique et les États membres de l’Union européenne, et financée par cette dernière, y a vu une opportunité. « Une partie importante de notre travail se concentre sur les TIC (technologies de l’information et de la communication) innovantes », confie Giacomo Rambaldi, coordinateur de programme au CTA. A propos de l’usage des drones dans l’agriculture africaine, il parle de « potentiel énorme ».

Le Centre a donc fait appel à une start-up française, Airinov, leader français du drone agricole avec 40 salariés et 2,5 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2015, pour former sept entrepreneurs africains. Spécialistes des drones, développeurs ou chercheurs, le CTA les a sélectionnés par le CTA pour leur connaissance des réalités du terrain et des TIC. Ils devront contribuer à mettre en place l’agriculture de précision à l’aide de drones dans leurs pays d’origine. « Un premier pas », selon Monsieur Rambaldi. La démonstration d’octobre au Ghana, avec le matériel de la start-up, était l’occasion pour les différents acteurs de se rencontrer.

Grâce à une subvention du CTA, les entrepreneurs agricoles originaires du Ghana, de Tanzanie, d’Ouganda, du Bénin et de RDC se rendront en février dans les locaux d’Airinov, à Paris, pour une semaine de formation. « Ils vont pouvoir s’approprier notre technologie et déployer ensuite des services adaptés chez eux », explique Hamza Rkha Chaham, en charge des affaires internationales chez Airinov. Chacun d’entre eux fera l’acquisition d’un drone quadri-rotor à 5 000 euros, financé à 60 % par le CTA. Ils seront ensuite suivis pendant un an par la start-up, avec un bilan hebdomadaire.

Très faible usage des engrais

Les solutions proposées par Airinov en Europe et qui ont fait son succès, comme l’optimisation écologique et économique des usages de l’engrais, sont pour le moment peu adaptées à l’Afrique subsaharienne, où le taux d’utilisation d’engrais azotés est l’un des plus faibles au monde, et où les données sur le foncier sont souvent erronées ou inexistantes. « Nos applications en Europe visent l’optimisation. En Afrique c’est le contraire : il faut les orienter sur le développement, résume Hamza Rkha Chaham. Nos drones vont permettre d’établir une cartographie ou d’identifier un problème de culture qui se voit sur l’imagerie. Le but est de donner à l’agriculteur plus de marge de manœuvre pour investir. »

Les entrepreneurs formés à Paris proposeront leurs services aux paysans, aux coopératives, aux collectivités ou aux assurances, et pourront solliciter Airinov pour des analyses précises de données, notamment sur l’utilisation d’engrais. Afin de réduire les coûts pour les paysans, les vols pourront concerner des regroupements de petits producteurs d’un même produit. Giacomo Rambaldi, du CTA, envisage ainsi des vols au-dessus de milliers d’hectares de rizières au Ghana ou de palmiers à huiles en Ouganda, où chaque producteur possède en moyenne 1,5 hectare. Le CTA et Airinov estiment tous deux que les charges des paysans devraient diminuer grâce à une meilleure connaissance du terrain.

Mais faire voler un drone n’est pas encore une évidence sur le continent : des réglementations parfois très strictes ou inexistantes restreignent son utilisation. « Nous avons publié une étude sur les drones dans l’agriculture et l’avons distribuée gratuitement dans les pays où nous travaillons pour faire évoluer les consciences, affirme Giacomo Rambaldi. Au-delà de former sept entrepreneurs, nous voulons aider à établir un environnement propice au développement de l’industrie du drone ».

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